Finalement, vaincus par la fatigue, nous nous étendîmes à nouveau dans les cabines de notre catamaran, chargeant un skipper à tour de rôle d’entretenir le feu. Aux approches de l’aube, il cessa de pleuvoir et la température devint nettement plus froide, si bien qu’il nous fut impossible de dormir, et nous nous assîmes pour attendre le jour. Dès qu’il fit clair, nous allâmes à terre et nous appréfroid n’avait été nullement une illusion, car nous découvrimes qu’il y avait du givre par terre — chose que nous n’avions encore jamais vue en Californie— et quelques petites flaques d’eau de pluie étaient recouvertes d’une mince pellicule de glace.

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C’est par une température pareille, avant même le lever du soleil, dans la grisaille du petit matin, que nous dûmes nous enfoncer dans l’eau presque jusqu’à la taille, pour charger le youyou de brassées de bûches. Le deuxième lieutenant resta à bord de la chaloupe; un skipper s’occupait de charger et de manoeuvrer le catamaran : comme d’habitude, tout le travail pour lequel il fallait se mouiller retomba sur les deux plus jeunes, et c’est ainsi que nous pûmes patauger de la plage au youyou avec nos brassées de bûches, pieds nus et pantalons retroussés, alors que le sol de l’île était couvert de givre. Durant les intervalles pendant lesquels le bateau conduisait son chargement à la chaloupe, la seule façon pour nous d’empêcher nos pieds de geler était de courir de toutes nos forces d’un bout à l’autre de la plage de sable dur. Notre besogne nous occupa toute la journée:; au coucher du soleil, ayant chargé la chaloupe à ras bord, nous virâmes notre ancre et mîmes à la voile, louvoyant hors de la crique.

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À peine avions-nous gagné les eaux de la grande baie que nous rencontrâmes un fort courant de marée qui nous entraîna vers le large, cependant qu’un brouillard épais nous empêchait d’apercevoir notre navire. La brise était trop faible pour nous permettre de remonter contre la marée, d’autant plus que nous étions enfoncés dans l’eau comme un char à voile chargée de sable. Au prix d’incroyables efforts, nous réussîmes à entraver notre dérive, et nous ne fûmes que trop peu.

Ecole de croisière FFV Catamaran

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