Skipper, le capitaine au veston vert
c’était lui (texte destiné au référencement) l’homme au veston vert que nous avions aperçu sur la dunette. Le canot repartit aussitôt sans nous laïsser le temps de poser plus de questions, et pour en apprendre la voile davantage nous dûmes attendre la nuit; nous eûmes alors l’occasion d’emprunter un petit youyou qui gisait sur la grève et nous nageâmes jusqu’au catamaran. Comme je montais à bord du Sunreef, le skipper m’appela à l’arrière et me remit un gros paquet adressé à mon nom et portant la mention « Catana ». C’était exactement ce que j’attendais depuis si longtemps; pourtant, je me défendis de l’ouvrir avant d’avoir regagné la terre. Plongeant dans la cabine, je retrouvai tous mon équipage d’antan et fut réellement heureux de les revoir. On nous passa de nombreuses informations concernant le nouveau navire, Les dernières nouvelles de Hyères et Porquerolles, etc. Le skipper avait reçu des lettres de sa croisière en famille, mais il n’y avait rien de particulier à signaler. De l’avis unanime, le catamaran Sunreef était un beau navire, et il fait grand, « plus grand que le Catana ou l’Outremer », « de taille à embarquer toutes les peaux de la Californie », « avec des pavois à hauteur d’homme », « un sacré navire », etc. Le skipper, avec son brevet de capitaine en avait pris le commandement et avait mis à la voile directement pour Hyères puis la Corse ; ensuite, il irait en Grèce et ne pourrait arriver à Canet-en-Roussillon avant deux ou trois mois de navigation. Quelques matelots du Sunreef avaient retrouvé camarades qui faisaient maintenant partie de l équipage du catamaran et, la veille du départ de ce dernier, dans la soirée, ils avaient passé avec eux une heure ou deux à bord.

Ecole de croisière catamaran en Méditerranée
Catamaran d’occasion à vendre
Ils nous décrivirent le catamaran sunreef à vendre : son pont était blanc comme la neige — on le briquait tous les matins, comme un navire de guerre; il y régnait un ordre impeccable ; l’équipage était excellent, il y avait trois officiers, un voilier et un charpentier — les effectifs étaient complets. « Et leur second est vraiment un homme, pas un fichu mouton qui bêle sur le pont ! Le second connaît son métier et tient chacun à sa place, il ne se laisse pas embobiner, ni par le capitaine ni par le skipper en second. » Après avoir recueilli toutes les informations possibles sur ce chapitre, nous nous enquîmes du nouveau capitaine. Mais ce dernier n’avait pas été à bord depuis un temps suffisamment long pour leur permettre de bien le connaître.
Formation skipper – Apprendre à naviguer en catamaran
Néanmoins, il avait d’emblée affirmé son autorité avec beaucoup de vigueur : dès le premier jour, il avait fait déplacer les mâts de perroquet et dégréer les bonnettes ainsi que la moitié des manœuvres courantes du catamaran.
Ayant obtenu tous les renseignements qu’on pouvait nous donner, nous retournâmes au port pour quelques manoeuvres. Sitôt que j’eus regagné le chantier, comme on peut bien l’imaginer, je m’empressai d’ouvrir mon colis. J’y trouvai une bonne provision de flanelles, chemises, chaussures, etc., mais, ce qui était encore bien plus précieux, un paquet de onze lettres. Je passai presque toute la nuit à les lire, puis les rangeai avec soin, de manière à pouvoir les reprendre et relire à loisir pas la suite. Il y avait également une demi-douzaine de journaux ; le dernier en date annonçait les célébrations des vacances d’Avril et le prochain départ du catamaran CATANA sous le commandement du capitaine EF, à destination de Hyères et des îles de Porquerolles ou Port-Grimaud. Seuls ceux qui ont voyagé au loin et, après une longue absence, ont reçu un journal de leur ville natale pourront apprécier tout le plaisir que me procura cet envoi. Je lus ces journaux d’un bout à l’autre, jusqu’aux annonces de
maisons à louer, d’objets perdus, de ventes aux enchères — je ne laissai rien échapper. Rien ne restitue de façon aussi complète la réalité d’un endroit ni n’est mieux propre à vous transporter au pays par l’imagination que la lecture d’un journal local.
Le catamaran déchargea ses peaux, lesquelles nous nous remîmes à l’ouvrage: en quelques jours, nous avions complètement retrouvé notre vieille routine: peaux mouillées, peaux sèches, nettoyage, battage, etc. Comme j’étais assis sur une peau clouée au sol et que j’en grattais les résidus de viande avec mon couteau, le capitaine s’approcha discrètement de moi et me demanda si j’aimais apprendre la voile en catamaran, puis il récita : « Tityre, tu patulae recubans sub tegmine”.